Il y a des villes que l’on connaît sans même y avoir séjourné. Et puis, il en a d’autres dont le nom ne dit rien ! Jerez de la Frontera ferait plutôt partie de cette seconde catégorie. Pourtant, elle ne manque pas d’attrait… pour peu que l’on s’y arrête. Jerez de la Frontera  est la plus grande cité de la province de Cádiz (220.000 habitants), pourtant il est rare que le voyageur y pose ses bagages. Allez savoir pourquoi !

Voici pourquoi visiter Jerez de la Frontera

  • Capitale du Fino !
  • Berceau du flamenco « de verdad » !
  • Siège de la Real escuela andaluza del arte ecuestre !
  • Un alcázar !
  • Une cathédrale !
  • De multiples édifices religieux, publics et privés !
  • Quelques musées intéressants (montres et attelages) !
  • Un parc zoo-botanique !
  • Un circuit de vitesse auto et moto (Grand Prix d’Espagne de moto GP et essais de F1) !
  • Le plus grand centre commercial d’Andalousie (Centro comercial de la Luz sur la N-IV) !

Franchement, Jerez mérite que l’on s’y attarde.

Cependant, la visite de Jerez demande un peu de préparation et d’organisation. En effet, il faut tenir compte de la situation et des horaires de visite des bodegas (presqu’exclusivement en matinée) ou du spectacle de la Real escuela andaluza del arte ecuestre (le mardi, en saison et le jeudi, toute l’année à midi juste). Cathédrale et alcázar sont voisins. Cela réduit les temps de trajet.

Pas de feria sans chevaux ni Fino

Deux férias à Jerez ! En début mai, la feria del caballo et vers la mi-septembre, la feria de la vendimia. Les amateurs de chevaux, et les autres aussi, seront éblouis par les performances des cartujanos, cheval typique de Jerez, lors du spectacle de la Real escuela andaluza del arte ecuestre – « Como baílan los caballos » Pour la petite histoire, l’un des dresseurs fut champion olympique de dressage lors des JO d’Athènes. Excusez du peu !

Jerez compte bon nombre de bodegas réparties à travers la ville. Des noms prestigieux – Sandeman, Gonzales Byass – et d’autres, moins connus. Mais une seule et même motivation, proposer un vin de qualité, « le vin des Rois » selon Jean Cocteau ! Le Fino, ou Xérès, ou Sherry selon les pays. Il se présente sous différentes formes – du sec au liquoreux – pour satisfaire tous les palais.

Le casco histórico en quelques pas

Une large esplanade (Alameda vieja) sépare l’Alcázar de la cathédrale. L’Alcázar, construit par les Almohades au XIIème siècle, faisait partie de l’enceinte fortifiée de la ville, longue de près de quatre kilomètres. Les récents travaux de rénovation lui ont redonné l’éclat d’antan.
La visite de cet édifice vous permet de découvrir seize points majeurs repris dans un folio très bien réalisé. Chacun aura ses préférences mais la mezquita, le molino de aceite ou la torre octogonal en sont assurément les plus remarquables sans oublier le Palacio de Villavicencio qui propose l’ancienne pharmacie municipale (XVIIIème siècle) ainsi que la chambre noire. Une façon originale (et rapide) de visiter la ville.

La « jeune » cathédrale consacrée à Nuestro Señor el Salvador

Il s’agit d’un édifice religieux dont les bases remontent au XIIIème siècle lorsque la ville fut reprise aux musulmans (1264) par Alfonso X el Sabio. L’ensemble actuel fut entamé en 1695 pour s’achever quatre-vingts ans plus tard, modifiant quelque peu l’organisation architecturale du quartier. Il est assez éclectique dans sa conception, mêlant éléments baroques et gothiques. En entrant, le visiteur est pris d’un sentiment mitigé. La rigueur des murs gris et froid tranche avec une décoration luxuriante. L’obscurité relative des lieux guide tout naturellement vers le centre de l’église dominée par le dôme, véritable puits de lumière.

La partie arrière – les sacristies – regroupe plusieurs œuvres d’orfèvrerie religieuse et quelques peintures dont « La Vierge enfant en méditation » de Zurbarán. Le patio de los naranjos rappelle qu’avant la reconquête, une mosquée occupait l’espace.
Jeune cathédrale puisque ce titre ne lui fut accordé par le pape Jean-Paul II qu’en 1980.

 

Le flamenco « de verdad »

Au départ de la Plaza Miguel Primo de Rivera toute proche, partez à la découverte du quartier San Miguel, le berceau du flamenco. Au passage, remarquez la belle façade du palais des Perez Luna (XVIIIème siècle). Les bureaux de l’office du tourisme s’y trouvent. De petites rues vous emmènent au pied de l’église homonyme. La façade dite de Saint-Joseph est la plus ancienne (1480) et rappelle le style flamand. Les décorations baroques – surtout les colonnades – apportent un plus à la tour élancée de l’édifice surmontée d’un toit couvert d’azulejos typiques de Jerez.

Le flamenco ! Rien à voir avec les spectacles pour touristes proposés à prix d’or dans des caves de Sevilla ou Granada. Ici, le flamenco prend toute sa signification, toute sa profondeur, toute sa valeur. Le flamenco, cette plainte lancinante venant des tripes interprétée par une voix enrouée de tabac et d’alcool, cette plainte d’un amour déçu, d’une idylle impossible, d’un enfant qui part au loin,… L’art du guitariste est de suivre le chanteur, plus proche de l’improvisation que de la partition maintes fois répétée, avec les talonnades du danseur en guise de percussions.

Pour vivre cette ambiance à nulle autre pareille, il faut se rendre dans une peña flamenca en fin de semaine. Le palais Pemartín (Plaza San Juan) héberge el Centro andaluz del Flamenco, source d’information sur le sujet. Au gré de vos pérégrinations, vous rencontrerez d’autres églises ainsi que des édifices publics et privés, témoignage du riche passé (commercial) de la ville. Chacun propose ses spécificités. Citons par exemple l’église San Juan de los Caballeros et son abside polygonale à neuf côtés surmontée d’une voûte à dix nervures décorées.

Sans connaître le renom des villes andalouses emblématiques, il est certain que cette découverte ne peut laisser le visiteur insensible au charme de cette (grande) cité.

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